3.1 Développer une théorie du changement partagée au sein du consortium

Lors des étapes de conception du projet avec les partenaires, la construction du chemin d'impact réalisée à l'aide de la méthode ImpresS ex ante développée par le Cirad ( en savoir plus ici ) a été une démarche cruciale pour permettre à tous d'avoir une vision commune des résultats attendus et de la manière d'y parvenir.

En particulier, il s'agit de :

i) Déterminer la contribution (la niche) du projet par rapport aux défis de durabilité qu'il cherche à relever : adaptation au changement climatique et maintien de la diversité des cultures.
ii) Déterminer les contributions de chacune des tâches/disciplines par rapport à la niche occupée par le projet.
iii) Identifier les contributions des acteurs non académiques aux changements visés et les besoins d'interaction/coordination à prendre en compte.
iv) Mieux identifier les acteurs non inclus dans le projet et avec lesquels il sera nécessaire d'interagir.

En se projetant vers une vision du futur à laquelle le projet cherche à contribuer, les partenaires ont pu définir les activités et interventions qui pourraient créer des conditions favorables au changement. La construction d'un système de suivi évaluation adossé à ce chemin d'impact permettra d'évaluer la contribution du projet aux impacts recherchés.

3.2 Construire une compréhension partagée au niveau des territoires étudiés

Dans un contexte de forte incertitude et d'imprévisibilité, les connaissances resteront toujours partielles. Il faut s'attendre à ce que la recherche ne produise pas de résultats univoques. Ceux-ci sont donc susceptibles d'être complétés ou contestés par d'autres formes de connaissances (empiriques, traditionnelles etc.). Dans ce sens, l'objectif de cette tâche est de faire émerger la diversité des points de vue et d'expliciter les interdépendances à l'échelle du territoire étudié dans le nord du Maroc, dans les provinces de Ouezzane et de Meknès. Partager et discuter les connaissances avec les acteurs professionnels, politiques et associatifs nous permettra une révision élargie par les pairs et une validation des connaissances produites dans le cadre des activités 1 et 2 du projet. Un dispositif de théâtre participatif (Théatre-Forum) sera mobilisé pour soutenir une dynamique d'élicitation et de partage de cadres normatifs, à la fois inter- et transdisciplinaires.

Les formes participatives de théâtre - comme le théâtre forum - sont aujourd'hui mobilisées comme méthode de recherche collaborative favorisant les échanges entre une diversité d'acteurs et entre scientifiques et acteurs de la société civile. Les études mobilisant le théâtre forum sont nombreuses dans des champs disciplinaires tels que l'anthropologie visuelle, les sciences de l'éducation, les sciences de la santé, la sociologie politique et la psychologie. Heras et Tabara (2014) ont passé en revue une série de expériences utilisant la performance théâtrale et ont évalué dans quelle mesure ces nouvelles approches peuvent être pertinentes dans la recherche-action environnementale et la science de la durabilité. Leurs conclusions montrent une utilisation croissante et réussie de ces méthodologies dans le monde entier, à la fois en milieu universitaire que dans des approches orientées vers la mise en œuvre.

3.3 Pratiques de recherche et cadres politiques internationaux: mobilisation et partage de la diversité génétique de l’olivier en Méditerranée  

Tandis que l’oléiculture tend à se transformer sous l’effet des politiques agricoles et des enjeux économiques, les changements climatiques (et notamment les risques accrus de sécheresse) et leurs conséquences sur le plan sanitaire représentent un défi considérable à relever par la communauté de recherche mobilisée sur l’adaptation de l’olivier et de l’oléiculture en Méditerranée. Ce défi requiert une collaboration accrue au niveau mondial sur les ressources génétiques associées, dont les modalités sont régies par des cadres politiques et juridiques internationaux. C'est pourquoi le projet ClimOlivemed promeut une approche collaborative entre les pays, les organisations internationales (FAO, Conseil Oléicole International) et les partenaires du consortium pour consolider les recherches sur la durabilité de l'oléiculture en Méditerranée.

Le Protocole de Nagoya et le TIRPAA sont des accords internationaux juridiquement contraignants pour l'échange international de ressources génétiques à des fins de recherche et de développement. L'olivier n'est pas inclus dans l'annexe 1 du TIRPAA et relève donc généralement du Protocole de Nagoya. Toutefois, les pays peuvent choisir d'appliquer les conditions d'accès et de partage des avantages du traité (c'est-à-dire l’accord type de transfert de matériel - ATTM) pour les cultures ne figurant pas à l'annexe 1 également. En outre, le statut international des collections (Espagne, Maroc, Turquie) et la présence d'une institution internationale gérant le réseau permettent d'envisager des accords avec l'organe directeur du TIRPAA en vertu de l'article 15 de ce dernier. Éviter les négociations bilatérales sur le transfert de germoplasme et utiliser le ATTM permettrait de simplifier la recherche dans un contexte d'adaptation au changement climatique et de favoriser la collaboration la plus large possible au sein du réseau mis en place par le Conseil Oléicole International (COI). Les leçons de gouvernance tirées de projets tels que le projet ClimOlivemed, qui promeut une approche collaborative entre les pays/organisations/parties prenantes pour constituer de nouvelles collections de base ou renforcer celles qui existent déjà, partager le séquençage et d'autres données de recherche par le biais d'une infrastructure informatique commune, protéger les droits des détenteurs de variétés traditionnelles et poursuivre la collaboration scientifique internationale, pourraient servir de contribution à un atelier international au printemps 2025 sur les cadres politiques internationaux pour soutenir l'adaptation de l'oléiculture au changement climatique.